François THIERY, MORTETERRE: la malédiction des quatre-terres 1 EBOOK
Date de parution : 18 mai 2021
116 pages
Il y a bien longtemps de cela, si longtemps que nulle archive de pierre ou de parchemin n’en a conservé la date exacte, quatre terribles malédictions s’abattirent sur Qâta, les Quatre-Terres, notre monde. Sur Tesh, la Terre-Continent Nord, toute l’eau disparut : les lacs, les rivières furent desséchées en une nuit. Plus jamais la pluie ne tomba. Les plantes moururent, puis les animaux, et finalement presque tous les hommes. Sur Kenor, au centre, des vents terribles se mirent à souffler sans relâche, arrachant les arbres, détruisant les récoltes. Les survivants furent condamnés à vivre dans des grottes ou des châteaux de pierre, et ne purent plus rien cultiver. Beaucoup perdirent l’esprit à force d’entendre sans cesse souffler les vents, nuit et jour. Sur Ân, à l’ouest, tous les feux s’éteignirent. Il devint impossible d’allumer le moindre foyer. Les hommes qui y vivaient ne pouvaient plus se chauffer, s’éclairer, forger des outils. La nuit devint emplie de peur, l’hiver décimait les plus faibles. Mais à Hmar, à l’est, ce fut plus terrible encore. Les hommes ne mouraient plus. Ils restaient conscients jusqu’à ce que leur corps se désagrège. Nulle blessure, nulle maladie ne les abattait. Mais la gangrène les rongeait et leur corps tombait en morceaux pourrissants alors qu’ils vivaient encore. Beaucoup devenaient fous ou tentaient par tous les moyens de mettre fin à leur existence en détruisant leur propre corps. Les malheureux Non-Morts, comme on les appelait, étaient souvent chassés de leur village et de leur famille, par crainte et par dégoût. Les noms des quatre Terres-Continents ne sont plus guère employés aujourd’hui. On les appelle la Terre sans Eau, l’île des Vents, la Terre sans Flammes, et la Terre sans Mort, ou encore Morteterre. Avec les siècles, les populations qui y habitaient se refermèrent lentement sur elles-mêmes, et seuls quelques marchands naviguent encore de l’une à l’autre, principalement entre Ân et Kenor. Morteterre s’enfonça dans un isolement complet.Tout cela, tous les habitants de Qâta le savent. Ils savent aussi que les Quatre Malédictions furent terribles, mais pas totales. Sur Ân, la Terre sans Flammes, on s’aperçut que certaines femmes avaient gardé le don d’allumer le feu. Elles furent appelées les Porteuses de Flamme, et leur pouvoir grandit. Et le peuple de Ân reprit courage et retrouva peu à peu une vie presque normale. Il n’oubliait pas les Quatre Malédictions, mais il avait réussi à s’en accommoder. Et les Porteuses de Flamme acquirent influence, richesse et sagesse, et se plongèrent dans les archives du passé, afin de tenter de comprendre l’origine des Malédictions. Et avec le temps, ce qu’elles parvinrent à découvrir leur redonna espoir. Le temps où les Quatre Malédictions seraient levées approchait.